Après le onze mars, roman de Monique Douillet

Après le onze mars, roman de Monique Douillet

Préface, Serge Rollet

APRES LE 11 MARS

 

Ce nouveau livre de Monique Douillet marque sans doute un tournant dans sa carrière. Après les galeries de portraits de « La Julie », l’auteur se lance enfin dans un récit totalement imaginaire, qui tourne autour de la catastrophe nucléaire du 11 mars 2011 à Fukushima et de l’actualité en général.

 

Les protagonistes de ce récit, certains impliqués dans des mouvements écologistes ou touchés directement dans leur pays, vont s’approcher, se rencontrer, s’aimer ou se fuir, avec en toile de fond les grands bouleversements de notre époque.

 

Comme dans la galerie de portraits, le style alterne agréablement les dialogues (directs ou indirects) et les descriptions apportant un peu de poésie à l’ensemble. Les paysages de Lyon, Arles, Marseille, Kyoto, sont des moments de respiration bienvenus, et ont l’avantage de ne jamais tomber dans le « dépliant touristique » ou la mièvrerie poétique. Tout ceci est très « sudiste », Lyon est la ville la plus septentrionale du récit, côté français et Kyoto, côté japonais. Ça nous change un peu des romans contemporains systématiquement situés à Paris ou à Tokyo.

 

La transcription d’échanges par mails est un parti-pris intéressant, « moderne », et renouvelle intelligemment le genre épistolaire.

 

Un autre parti-pris est celui du roman « choral » qui n’est pas axé sur un seul personnage, mais sur une petite galaxie qui tournoie, se heurte, se cherche et parfois se trouve. C’est un pari risqué, mais réussi, car en tant que lecteur je me suis autant diverti à suivre les pérégrinations d’un brocanteur de la Creuse que d’une danseuse japonaise.

 

Je ne me suis pas posé la question de savoir qui était le « héros », et qui serait mon favori. Chaque protagoniste possède ses propres traits forts, ce qui le rend aisément identifiable. De même, aucun n’est « tout blanc » ou « tout noir ». Comme aucun personnage n’a de prépondérance, nul ne peut être désigné comme porte-parole supposé de l’auteur. Chacun possède sa propre voix dans le chœur, et c’est l’entrelacement des différents thèmes qui donne la complexité à l’ensemble.

 

On peut juste dire qu’Erell est la conteuse, qui tente de nouer les fils entre eux. Que Shoko devient leur centre de gravité, qu’autour d’un événement, des êtres d’horizons très différents peuvent se fédérer.

 

Surtout, les personnages ne restent pas statiques : chacun d’eux est différent à la fin du livre, que ce soit par l’action du hasard (CDD), d’une rencontre (Shoko et Julien, Ernest et CDD), ou des interactions entre eux. Aucun ne sort intact du récit, ils en émergent différents, changés, peut-être améliorés, comme le Japon après le 11 Mars.

 

Enfin, l’auteur se permet quelques petites incursions dans un humour qui apporte un peu de détente.

 

La catastrophe est bien suivie, dans sa chronologie comme dans la description de ses conséquences, sans tomber dans l’engagement et le prêche. L’information est objective sans être militante. Le lecteur peut ainsi se faire son opinion propre. 

 

En conclusion, jamais le livre ne m’a semblé pesant, ou trop « bien intentionné ».

 

Serge Rollet



02/09/2013
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres